Cette fois, avec Ressuscité la journaliste relate l’histoire vraie et bouleversante d’une famille de migrants afghans dont le petit de garçon de neuf ans a disparu en mer Méditerranée lors de leur périple migratoire. S’est-il noyé ? Est-il toujours vivant ? Pendant plus d’un an et demi la famille réfugiée en Allemagne reste sans espoir de retrouver Mahdi.
Sur les traces de la famille du petit afghan retrouvé en Suisse
Bouleversée par une brève de la BBC de moins d’une minute qui annonce la découverte du petit garçon égaré en Suisse, Marion Emonot part sur les traces de cette famille. Elle s’adjoint les services d’un interprète André Schäffer, un suisse romand passionné par l’Afghanistan. Sans relâche, elle va tout mettre en œuvre pour retrouver les protagonistes de cette histoire dramatique qui touche des milliers d’autres enfants séparés de leurs parents lors de leur fuite migratoire.
Elle va à plusieurs reprises pendant une semaine retrouver la famille de Mahdi et recueillir un témoignage poignant lui permettant d’écrire le récit romancé de Ressuscité. Elle se remémore avec émotion avoir été accueillie par la famille à bras ouverts à chacun de ses séjours, alors qu’elle « venait gratter leur intimité ».
Le témoignage de la mère de Mahdi
Marion Emonot, riche du témoignage de la mère de Mahdi, va se mettre dans la peau de cette afghane Choukrieh pour écrire à la première personne le récit. Il a semblé à l’auteure que « la voix de la mère est le meilleur prisme pour appréhender la douleur indicible de croire avoir perdu son enfant ». Ce qui confère à la narration une grande force et provoque immédiatement de l’empathie pour cette mère de famille dont le destin a été bouleversé par la Grande Histoire. Il est passionnant de suivre pas à pas la vie intime et les épreuves de Choukrieh, de sa jeunesse afghane à son mariage forcé, sa longue migration, la disparition de son fils, jusqu’à son installation en qualité de requérante d’asile en Allemagne. Elle avoue avoir fui son pays avec son mari dans l’espoir d’une vie meilleure, afin de mettre à l’abri ses enfants contre le mariage forcé de ses filles et contre les horreurs du trafic d’organes qui sévissait à l’époque. Comme toutes les mères de famille, Choukrieh souhaite la sécurité et la réussite pour ses enfants.
Un drame humain aux portes de la Suisse
Marion Emonot confie à Color My Geneva avoir voulu raconter un récit issu d’une histoire vraie qui se déroule en partie près de chez nous en Suisse. En effet, Mahdi a été retrouvé à Kreuzligen (TG) plusieurs mois après son arrivée.
Le récit nous permet de mieux comprendre le drame des migrants en donnant chair à une famille qui pourrait être la nôtre, avec ses rêves, ses difficultés et le souhait de vivre paisiblement. Face à cet enjeu sociétal de l’accueil des migrants, l’auteure en appelle à l’humanisme des occidentaux.
Un récit poignant
Ressuscité procure dès les premières pages une vive émotion en décrivant les conditions de vie des familles afghanes et ce qui les pousse à fuir leur pays au péril de leur vie. Un récit poignant que je vous recommande vivement pour les connaissances qu’il apporte et l’espoir qu’il suscite.
Ressuscité est en lice pour la première édition 2021 du Prix Littéraire de la Banque Gonet remis lors du Festival littéraire du LÀC qui se déroulera du 2 au 3 octobre 2021 à Collonge-Bellerive.
- Ressuscité de Marion Emonot (édition Slatkine Genève 2021)
- 376 jours de prison pour rien de Marion Emonot (éditions Slatkin Genève 2019)
Marion Emonot Crédit photo de Sandra Pointet
Sandrine Bourgeois, Reporter pour Color my Geneva, tous droits réservés