Culture

“Cyril & Louise” au Festival International du court métrage de Winterthur : rencontre avec le réalisateur genevois Alexandre Schild

A l’occasion de la projection du court-métrage “Cyril & Louise” au Festival International de Winthertur, rencontre avec Alexandre Schild, un jeune réalisateur prometteur.

Que se passe-t-il quand l’amour devient une prison ? Quand l’un finit par enfermer l’autre dans son amour et l’étouffe ?

Par bribe et intelligemment, le réalisateur Alexandre Schild nous raconte pourquoi un couple peut finir par se séparer alors que les deux s’aiment encore. Car Cyril et Louise (très bien interprétés par Cyril Metzger et Mélodie Adda) se désirent toujours mais se trouvent à la croisée d’un chemin. Et Alexandre Schild nous aide de manière surprenante à comprendre l’enchaînement des gestes et des détails qui aboutissent à l’inéluctable.

Un court métrage sensible et juste.

Cyril & Louise d’Alexandre Schild

Avec Cyril Metzger et Mélodie Adda

Où voir ce film ?

Cyril & Louise sera projetée en première mondiale les 11, 12 et 13 novembre durant le 26ème festival international du court métrage de Winterthur :

  • – 2022.11.11, 19:30, blue Cinema Maxx 6, Swiss Competition III, Q&A
  • – 2022.11.12, 20:00, blue Cinema Maxx 1, Swiss Competition III, Q&A
  • – 2022.11.13, 11:00, Kino Cameo, Swiss Competition III

Rencontre avec le réalisateur genevois Alexandre Schild

Né en 1999 à Genève, Alexandre Schild étudie au collège de Candolle. Il réalise son premier film dans le cadre de son travail de maturité en 2018. Après plusieurs réalisations notamment des clips vidéo pour Lukas Ionesco, the Animen, ou encore Baron.e, son court métrage Lettres en ton nom daté de 2021 et soutenu par l’OFC, le Cinéforom et la RTS est présenté dans plusieurs festivals et remporte le premier prix au Jugend- filmtage (Zürich).

Cyril & Louise est sa dernière réalisation.

Pouvez-vous nous raconter comment vient l’envie d’être réalisateur ?

Je suis réalisateur et scénariste autodidacte, c’est-à-dire sans bagage scolaire et toujours en « apprentissage ». J’ai commencé à filmer avec ma soeur vers 15/16 ans avec une petite caméra et des scénarios courts. Suite à mes premiers travaux, j’ai bénéficié du Fonds animation jeunesse du canton, ce qui m’a permis d’acheter du matériel et de rémunérer quelques techniciens ou des amis qui avaient de l’intérêt pour la technique.

Le premier déclic date de 2011 avec le film Drive de Nicolas Winding Refn joué par Ryan Gossling. J’avais été fasciné par ce film qui était vendu comme un film d’action et de violence alors qu’il recélait aussi de la douceur, de la poésie et de la délicatesse. Je souhaitais d’abord être acteur, puis j’ai compris que c’était le travail derrière la caméra qui m’intéressait. C’est alors que j’ai vu le film Mommy de Xavier Dolan et que j’ai réfléchi à mes premiers plans. Pour moi, Xavier Dolan est aussi l’exemple du parcours possible d’un jeune réalisateur qui n’a pas forcément fait d’école. Depuis, tous les films que je regarde me confortent dans mon choix de carrière.

Mes parents ne viennent pas du tout du milieu artistique. Ils me font confiance et en échange, je mets aussi mon énergie pour réussir, faire du bon travail. J’ai également un petit boulot à côté pour gagner de l’argent.

Cyril et Louise… autobiographie ?

Oui et non. Je ne conduis pas de moto… L’histoire reste de la fiction dans les personnages et la structure mais je me suis inspirée d’une expérience personnelle de rupture. J’ai essayé de faire de cette séparation, qui a eu lieu peu de temps avant le tournage, une force en réécrivant le scénario et les dialogues. Je souhaitais que le film soit le plus juste possible. Tout ce que je fais est assez personnel mais cette histoire reste universelle. La passion peut cacher un côté négatif en enfermant l’autre. Quand on aime, il faut aussi savoir laisser partir.

 Pensez-vous que Cyril et Louise soit un reflet de votre génération ? Et souhaitez-vous être le porte-parole de votre génération à travers vos films ?

Oui, je pense. Je mets en scène un homme qui lâche prise, montre sa souffrance, a moins de pudeur. Ma génération est assez romantique, évolue dans cette direction. Cette histoire reflète aussi d’autres histoires amoureuses qui ont existé autour de moi. Il y a quelque chose de beau dans notre jeunesse ; nous nous questionnons beaucoup sur l’engagement professionnel, l’engagement amoureux. Le temps du passage de la jeunesse à l’âge adulte reste tumultueux mais j’ai le sentiment que par rapport à l’ancienne génération, nous cherchons à donner du sens, ce qui complexifie les relations. Dans Cyril & Louise, l’héroïne aime toujours Cyril mais elle veut aussi rester ouverte, curieuse. Elle n’a pas envie de s’enfermer si jeune. Ses désirs et ses libertés ont évolué, elle est donc en conflit avec elle-même. Personnellement, je prône l’amour avant tout.

 Vous faites souvent appel à l’acteur Cyril Metzger… Avez-vous des liens particuliers ?

Nous nous sommes rencontrés lors du casting pour le court-métrage Lettres en ton nom en 2019. Moi et ma sœur avons flashé sur son profil. Nous nous sommes bien entendus, nous avons fait des clips ensemble, nous sommes devenus proches… C’est une grande force ! Cyril, qui est fribourgeois, a fait l’école du Nord à Lille. Il a beaucoup de références tel Gérard Depardieu. Comme il vient plutôt du monde du théâtre, il fait très attention au phrasé et nous retravaillons souvent les dialogues ensemble.

Si je pouvais choisir, je travaillerais volontiers avec Timothé Chalamet car il a un physique un peu éphèbe que je trouve épatant et Robert Pattinson dont la carrière est une des plus intéressantes. Saviez-vous qu’il voulait jouer avec Jean-Luc Godard ? C’est un peu tard… Du côté des filles, j’apprécie beaucoup Anaïs Demoustier ; elle vient de jouer dans le film Novembre et je la trouve incroyable.

A quand un long métrage ? 

L’année prochaine, je finis un court métrage  du côté du lac de Joux, région choisie pour ses grands espaces et son ambiance « canadienne ». J’ai l’idée du long métrage depuis longtemps mais j’étais conscient que je n’avais pas encore l’expérience. C’est pourquoi j’ai voulu d’abord apprendre à travers les courts métrages. Et puis, j’ai compris avec mes premières réalisations que je privilégie des films « accessibles » et non forcément expérimentaux comme le sont la plupart des courts-métrages. Je pense donc avoir un regard qui correspond mieux aux longs métrages. J’aime le cinéma émotionnel, le travail des dialogues, de la structure

Depuis deux mois, je suis en train d’écrire le scénario d’un long métrage ; j’espère ensuite trouver une société de production et commencer le tournage en 2023/2024. Je me sens prêt à plonger dans un autre milieu. J’ai plus de confiance.

Virginie Hours, reporter pour Color my Geneva – tous droits réservés

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