Culture

Genève a un incroyable talent #6 – Simone Aubert

Dans ce nouvel épisode de la rubrique « Genève a un incroyable talent », je vous emmène découvrir une artiste genevoise unique, Simone Aubert.

 Dans le désordre, elle est fondatrice du Festival Baz’Art, guitariste du groupe Massicot, batteuse et chanteuse au sein du duo Hyperculte et, en parallèle, au cœur du projet musical Tout Bleu. Et ce n’est que certains de ses talents !

 

Comment faites-vous pour avoir une telle diversité d’activités sur la scène artistique et musicale genevoise ?

SA – La musique est un magnifique terrain de jeu, dans le sens de l’exploration. J’ai toujours considéré la musique comme le travail d’une matière sensible. Elle se crée à plusieurs et sa vocation première est de réunir les gens ; dans la transe, dans la fête, mais aussi dans leurs émotions les plus intimes. On a tous été profondément touché par une musique, ou accompagné par cette dernière dans un moment difficile ou joyeux. La musique est avant tout un vecteur d’amplification émotionnelle et de partage ! Être artiste, c’est être militant d’un monde sensible. C’est beau de pouvoir enrichir l’éventail de nos musiques, tout en réunissant les gens ! Je m’y consacre donc pleinement et multiplie les expériences ! Malheureusement, ça va de pair avec une certaine précarité financière, mais on y gagne une vraie richesse de rencontre et de collaboration !

 

Vous êtes active au sein de quatre groupes. Quelles sont les particularités de chacun d’eux, ainsi que leurs influences musicales ?

SA – Je n’ai jamais cherché à faire une musique qui corresponde à une scène bien définie, ou à un genre musical. La musique, c’est avant tout des rencontres et une symbiose qui s’installe ou pas entre musiciens, en fait, c’est beaucoup de hasard et de chance ! Concrètement je viens de la scène punk et je suis bien embêtée si je dois définir mes influences.

Pour citer mes projets qui ont un ancrage scénique aujourd’hui, il y a Massicot, un trio féminin post punk, dont les influences sont à chercher dans la scène no-wave new-yorkaise entre autres. Il y a Hyperculte, duo pop post disco tranchante qui explore la transe par la répétition. Tout Bleu explore toutes les musiques occidentales du baroque jusqu’à la trap, puis dernièrement avec l’artiste sonore POL, on a créé You Are Tree. On y explore les arpegiateurs de synthétiseurs dans une musique électronique assez hypnotique er pulsante, pas mal en phase avec les nouvelles BO de films d’aujourd’hui. Sorte de retour aux années Carpenter en version 2.0.

 

L’édition du Festival Baz’Art 2020 a dû être annulé pour cause de Covid. Vous avez rebondi avec un concept de livre. Pouvez-vous nous en dire plus ?

SA – Des longues réunions, des doutes, des craintes, mais surtout l’envie de proposer malgré tout et contre tout une plateforme de diffusion aux artistes programmés. Le format d’un livre n’avait pas encore été proposé par une autre entité culturelle genevoise. Avec le confinement, on était beaucoup chez nous dans nos appartements et l’importance de la lecture en opposition à la boulimie d’écran nous a convaincu. Un livre reste dans une étagère. Il est là, matérialisé, peut s’offrir, s’échanger ou se prêter.

 

Vous êtes aussi impliquée dans le récent projet artistique genevois Belvédère Sonore

SA – Le collectif Zonoff a demandé à 10 musicien-ne-s de créer chacun-e-s une pièce sonore en lien à une œuvre d’art contemporaine, présente dans l’espace public genevois. Ces pièces sonores ne sont écoutables que dans un périmètre restreint autour de l’œuvre. Le concept met au cœur de l’expérience l’utilisation de nos smartphones, mais au service d’une diffusion artistique innovante, demandant une implication physique à son public.

 

Enfin, en tant qu’artiste indépendante, comment faites-vous pour avancer dans vos projets avec cette pandémie? 

SA – Ce n’est pas facile, c’est clair. J’ai la chance d’être une artiste qui n’a pas trop peur des démarches administratives. En ce moment, par contre, c’est 80% d’administration contre 20% de création seulement pour garder la tête hors de l’eau. C’était déjà un peu le cas avant, mais là, c’est violent ! Mais je ne perds pas espoir de retrouver la scène cette année encore.

Avec Tout Bleu on sort un 4 titres en été chez Urgence Disk Records puis en décembre, notre deuxième opus chez Bongo Joe Records. On a absolument l’espoir de vous le présenter en bonne et due forme ses projets. On dit que l’espoir fait vivre !

 

Giacomo A. – Collaborateur chez Color my Geneva – Tous droits réservés

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