Bob (Leonardo DiCaprio) est l’artificier d’un groupe révolutionnaire d’extrême gauche nommé French 75. Il est très amoureux de Perfidia (Teyana Taylor), passionnaria et personnalité borderline, avec qui il a une petite fille prénommée Willa. Mais Perfidia décide de les abandonner pour continuer la lutte. Poursuivi par le colonel Lockjaw (Sean Penn), le groupe est dénoncé et doit se dissoudre. Bob s’enfuit avec Willa et entre dans la clandestinité. 16 ans plus tard, le colonel Lockjaw décide de les retrouver pour en finir avec un passé peu glorieux…
“One battle after another” de Paul Thomas Anderson
Avec Leonardo DiCaprio, Sean Penn, Chase Infiniti, Benicio del Toro, Teyana Taylor, Regina Hall
Date de sortie : 26 septembre 2025
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Attention aux critiques dithyrambiques
Certains crient au chef d’oeuvre, d’autres parlent déjà d’Oscar… Un niveau d’attente trop élevé conduit souvent à la déception et c’est sans doute dommage. Alors, laissez-vous aller dans votre siège confortable… et faites votre propre jugement !
Malgré de belles trouvailles, l’histoire peine à se mettre en place. Elle décolle vraiment lorsque le colonel Steven J. Lockjaw décide de retrouver Bob et sa fille Willa. Le rythme va alors crescendo avec cette chasse à l’homme faite de scènes d’action tendues, d’absurdes (la bientôt scène culte du mot de passe) et de quiproquos ridicules. C’est le grand mérite du film et ce qui nous maintient en haleine pendant 2h40 : il se bonifie au fil des minutes ! On se plonge dans l’histoire et on s’attache pleinement à ce père paumé qui veut retrouver sa fille. Les acteurs sont excellents avec une mention spéciale pour le duo Leonardo di Caprio (mais sait-il parfois mal jouer ?) et Benicio del Toro (excellent en professeur de karaté zen), l’excité face au calme olympien, l’has been face à celui qui continue la lutte.
Le réalisateur glisse avec talent des références ou des clins d’œil qui allègent le rythme et nous permettent de respirer. Il pose aussi de vraies questions comme la loyauté et la trahison, à ses amis ou à ses idéaux. Mais il aurait aussi pû aller plus loin dans une certaine satire, l’idée du Christmas Adventurers Club méritant ainsi d`être plus exploitée. En revanche, la scène finale est particulièrement réussie avec une course-poursuite dans le parc d’Anza-Borrego. Et vous comprendrez pourquoi le thème des vagues est si récurant…
Une actualité troublante
En 16 ans, rien n’a changé : dans sa fuite, Bob retrouve les mêmes migrants latinos, la même désespérance. « Pour sauver la planète, commencez par l’immigration » crie-t-on dans le film. Peut-être que la situation a même empiré… Ce film est censé nous raconter une dystopie mais l’Amérique décrite semble si proche de celle de nos écrans de télévision ou de smartphone qu’elle en est déroutante ! Il est inspiré du roman Vineland, de Thomas Pynchon, roman réputé inadaptable qui raconte la traque dans les années Reagan d’anciens révolutionnaires hippies. Le scénario est très dense et concentre de nombreux thèmes actuels, des MAGA à l’immigration clandestine en passant par la surveillance des réseaux sociaux et des questions de genre. Dans cette Amérique fracturée, il dépeint aussi Perfidia comme une activiste qui ne connaît plus de limites et manipule les siens afin de laisser court à sa rage. Avec le personnage de Sensei, les moyens de lutte ont changé, les activistes sont devenus plus pragmatiques. Finies les bombes et les actions violentes, ils préfèrent battre le pavé contre les injustices tout en organisant des réseaux de passeurs de clandestins dignes de l’époque de l’Amérique abolitionniste et du Underground Railroad.
Ce serait la moralité du film : ne pas abandonner mais combattre autrement !
Virginie Hours, spécial reporter pour Color My Geneva – tous droits réservés