Culture, Loisirs

Sur grand écran, « Un parfait inconnu »… qui ne le reste pas longtemps !

Le réalisateur James Mangold nous raconte 5 années de la vie de Bob Dylan qui ont tout changé…

1961. Bob Dylan a 19 ans quand il débarque à New York avec sa guitare comme seule richesse. Venant du Middle West, il va immédiatement rendre hommage à son idole de la musique folk Woody Guthrie qui profondément malade, se trouve à l’hôpital. Il y fait la connaissance d’un autre musicien Pete Seeger qui va l’introduire dans un milieu où règne Joan Baez et la musique contestataire. Pour lui (et nous), tout commence…

« Un parfait inconnu » de James Mangold avec Timothée Chalamet, Monica Barbaro et Edward Norton

Date de sortie : 29 janvier 2025

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“Bob Dylan, c’est qui ?” me demandent mes enfants adolescents. Serait-il vrai que pour les nouvelles générations cet icône de la musique folk est un parfait inconnu ? Il suffit de leur faire écouter la chanson Blowin’in the Wind pour les faire réagir et être rassurée.

Ce film est à voir et à écouter. Pendant près de 2 heures, on redécouvre cette époque où la musique était une arme pour dénoncer les inégalités, la guerre, le racisme, « parce que les temps changent ». James Mangold est un habitué. En 2005, ce scénariste et réalisateur américain avait déjà mis en avant la musique country et son musicien emblématique Johnny cash dans son film Walk the line. Cette fois-ci, il s’attaque à un nouveau mythe. Mais en adaptant l’essai Dylan goes Electric d’Elijah Walden, il choisit de se concentrer sur une courte période (5 ans) pour nous faire re-découvrir le génie de Bob Dylan, ses intuitions, sa force de caractère, ses contradictions. « Qui es-tu vraiment ? » ne cesse de lui demander Sylvie, sa petite amie. Il est trop jeune pour se laisser formater par une industrie et un système qu’il vilipende. Contre l’avis de tous, celui-ci décidera de suivre son propre chemin musical et de mélanger guitare électrique et chanson folk, ouvrant une ère nouvelle à la composition.

Tout au long du film et avec maîtrise, les chansons se succèdent naturellement sans donner le sentiment d’être plaquées artificiellement pour correspondre à certains pans de l’histoire. Simplement, James Mangold resitue dans leur contexte les plus grands titres (guerre du Vietnam, crise de Cuba), confirmant la réplique d’un des protagonistes : « une chanson folk doit résister au temps ». Les longues scènes chantées sont un pur plaisir, éclairant encore davantage la beauté des textes et leur acuité. Car c’est également un des grands atouts du film : rappeler la puissance et la beauté des paroles des chansons qui légitiment grandement le prix Nobel de littérature que l’Académie de Stockholm a décerné à Bob Dylan en 2016.

Blowin’ In The Wind (Soufflé Dans Le Vent)

How many roads must a man walk down
Combien de routes un homme doit-il parcourir
Before you call him a man ?
Avant que vous ne l’appeliez un homme ?
Yes, ‘n’ how many seas must a white dove sail
Oui, et combien de mers la colombe doit-elle traverser
Before she sleeps in the sand ?
Avant de s’endormir sur le sable ?
Yes, ‘n’ how many times must the cannon balls fly
Oui, et combien de fois doivent tonner les canons
Before they’re forever banned ?
Avant d’être interdits pour toujours ?
The answer, my friend, is blowin’ in the wind,
La réponse, mon ami, est soufflée dans le vent,
The answer is blowin’ in the wind.
La réponse est soufflée dans le vent.

(référence : lacocinelle.net)

 

Pour incarner Bob Dylan avec ses mimiques, son arrogance et jusqu’à sa voix nasillarde lorsqu’il chante, Timothé Chalamet est le choix qui s’imposait. Il est bluffant de mimétisme et porte avec brilleau le film sur ses épaules. Autour de lui, Monica Barbaro incarne avec justesse une Joan Baez décidée et indépendante alors que son mentor à la voix douce et à la constante bienveillance Pete Seeger est joué par un Edward Norton plein de nuance.

Le film est un régal.

A noter que le film bénéficie de 8 nominations aux Oscar, notamment dans la catégorie du meilleur acteur, meilleure actrice, meilleur film et meilleur réalisateur.

 

Virginie Hours, reporter pour Color my Geneva – tous droits réservés

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