Culture

Alicia Prima Ballerina Assoluta

Rencontres et confidences avec Eileen Hofer et son magnifique roman graphique autour de la célèbre danseuse étoile et chorégraphe cubaine Alicia Alonso.

La scénariste Eileen Hofer et la dessinatrice Mayalen Goust ont réalisé un magnifique roman graphique intitulé Alicia prima ballerina assoluta autour de la célèbre danseuse étoile et chorégraphe cubaine Alicia Alonso. Très jeune, la ballerine devient en partie aveugle et décide de continuer à danser tout en se repérant grâce aux jeux de lumières de la scène. Figure incontournable de la danse, Alicia Alonso fervente partisane de la révolution cubaine fonde le ballet nacional de Cuba. Décédée en 2019, Eileen Hofer et Mayalen Goust lui rendent un bel hommage en lui consacrant ce splendide album illustré de dessins.

Il met en scène trois personnages féminins, Amanda une jeune ballerine, Manuela mère célibataire qui n’a pas pu réaliser son rêve et Alicia Alonso.

Les chapitres se succèdent au rythme rapide des cinq positions de la danse classique.

Je vous conseille vivement ce roman graphique pour le portrait magistral de l’intrigante danseuse étoile Alicia Alonso qui compte encore aujourd’hui dans le monde de la danse et pour les très beaux dessins de Mayalen Goust.

Alicia prima ballerina assoluta (édité chez rue de Sèvres) vendu en librairie au prix de 29 francs

 

Le petit coin des confidences d’Eileen Hofer à Color My Geneva

Sandrine Bourgeois : Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de réaliser l’album Alicia Prima Ballerina Assoluta ?

-En tant que cinéaste, j’ai réalisé un film sur elle en 2015. J’ai passé trois mois à La Havane pour cela. Ce qui avait à l’époque motivé mon choix de suivre cette danseuse déjà nonagénaire était principalement lié à son parcours de vie. Jeune danseuse étoile, elle a dû faire face à un décollement de la rétine et après plusieurs opérations, le verdict est tombé, elle devait arrêter de danser pour ne pas devenir complètement aveugle. Elle a au contraire décidé qu’elle apprendrait à danser dans les ténèbres et a bandé ses yeux pour reprendre ses pirouettes. Cette force de caractère m’avait bluffée à l’époque. Un joli message de vie. Et puis une fois sur place à Cuba, j’ai élargi le spectre de ma recherche et au moment de passer à la BD, j’ai décidé de donner la parole à des personnages satellites comme un prêtre balletomane, une danseuse dans un cabaret, la maman d’une jeune danseuse, etc.

 

S.B : Comment avez-vous travaillé avec la dessinatrice Mayalen Goust ?

-J’ai d’abord finalisé le scénario avec l’éditrice, Nadia Gibert de Rue de Sèvres, pour lui envoyer la version finale. Mayalen nous a ensuite fait une proposition sous la forme d’un croquis qu’il a été possible de moduler et de faire évoluer. Du texte à l’image, il y a forcément des petites modifications à apporter. J’ai adoré son délicat coup de crayon, son intelligence et la manière dont elle s’est accaparée le sujet sachant qu’elle n’a jamais voyagé à Cuba. J’espère que cette collaboration sera le début d’une série.

 

S.B : Quelles sont vos sources artistiques d’inspiration ?

-J’ai une approche et une connaissance plus cinématographique. Dans le septième art, j’aurai tendance à favoriser des films poétiques, atmosphériques dans lequel on laisse le spectateur aboutir à ses propres conclusions. Dans cette BD, j’ai aussi souhaité faire évoluer différents personnages sans tout expliquer via les dialogues et pourtant les clés de compréhension sont toutes présentes.

 

S.B : Quel message souhaitez-vous que vos lecteurs retiennent de leur lecture ?

-Qu’il est important de se battre et de ne pas baisser les bras face à ses handicaps qu’ils soient physiques ou autres. Alicia a prouvé qu’elle était une femme forte. Elle a accepté sa destinée et su amadouer sa cécité pour en faire un atout. Elle est devenue une des meilleures danseuses du monde.

 

S.B : Quels sont vos projets artistiques ? Un nouvel album en perspective ?

-Oui, je travaille sur la biographie d’une célèbre actrice, une bande dessinée de 300 pages qui paraitra en 2023.

 

S.B : Quel est votre endroit préféré à Genève ou ses environs ? 

-J’habite aux Pâquis et j’adore tout simplement mon quartier. Il peut passer une semaine entière sans que je n’en sorte. En été, je suis tous les jours aux bains des Pâquis. Sinon, côté café, j’aime énormément l’ambiance du QG, le café Guidoline, place de la Navigation. En vieille ville, j’ai découvert une pépite la semaine dernière en me promenant : le restaurant japonais Omusubi, une minuscule terrasse rue du Perron avec trois tables à l’intérieur et les meilleurs ramen jamais mangés à Genève. L’art de la délicatesse et de l’humilité dans toute sa splendeur. L’impression d’avoir fait un aller-retour à Kyoto.

 

S.BOù aimez-vous vous promener ? 

-Je me promène régulièrement à pied jusqu’au château de Penthes pour profiter de la vue ou dans la campagne genevoise que j’ai découverte durant le premier confinement: Satigny, Dardagny, Asnières, Hermance…

 

Sandrine Bourgeois – Reporter pour Color My Geneva tous droits réservés

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