La vie de Natacha (Camille Lou) est tournée vers une unique ambition : être hôtesse de l’air. Seulement malgré tous ses efforts, elle échoue à chaque test de recrutement et se retrouve coincée derrière un guichet au sol. Par un concours de circonstances, elle assiste au vol du tableau La Joconde et décide de partir à sa recherche, y voyant le dernier moyen de réaliser son rêve ! Dans son périple, elle est accompagnée de Walter (Vincent Dedienne), steward de son état, qui aimerait mieux être ailleurs…
« Natacha (presque) hôtesse de l’air » de Noémie Saglio et Laurent Turner
Avec Camille Lou, Vincent Dedienne, Elsa Zylberstein et Didier Bourdon
Date de sortie : 2 avril 2025
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Une héroïne de Bande Dessinée
Au commencement, Natacha est l’héroïne de la Bande Dessinée du même nom, imaginée par François Walthéry (dessinateur) et Roland Goossens (scénariste). Crée à la fin des années 60 et publié dans les années 70, son personnage est un concentré de France Gall, Mireille Darc et Dany Carell. Il marque les esprits car accompagnée du steward et ami Walter, en butte au commandant Turbot, elle affronte de multiples épreuves. Héroïne féminine par définition, j’adorais sa détermination, son esprit d’indépendance et le fait qu’elle sache piloter elle-même un avion.
C’est donc avec plaisir que je la retrouve sur grand écran ! Camille Lou apporte au personnage un enthousiasme communicatif. Natacha persévère, ne s’avoue jamais battu. Elle veut être hôtesse de l’air pour découvrir le monde… et sans doute ne pas répéter la vie de sa mère, coincée dans sa cuisine. « Bien sûr », certains pourront être agacés par le redondant du sujet de l’émancipation féminine mais le film permet de rappeler qu’il y eut un temps où les hôtesses de l’air devaient être célibataires et où le mariage était un motif de licenciement…
Un film déjanté aux différentes grilles de lecture
Le sujet du film est un clin d’œil au prêt du tableau effectué en 1963 aux Etats-Unis. Pour raconter l’histoire, les réalisateurs ont fait appel à un casting impressionnant avec une Isabelle Adjani en Joconde, Elsa Zylberstein en peintre surréaliste et Didier Bourdon en politicien corrompu. Les références à notre quotidien sont nombreuses, jouant de manière réussie sur l’anachronisme (les fake news, le complotisme, BFM) et surfant sur la nostalgie rétro. Les péripéties s’enchaînent à vivre allure, entre la Normandie et l’Italie, parodiant parfois les films d’aventure des années 60-70. On y retrouve d’ailleurs un peu du parfum de la série d’Arte, « Au service de la France », Gaullisme oblige…
L’attention a été mise sur les dialogues qui offrent plusieurs grilles de lecture. Certaines réparties ne seront comprises que par certains (« Il est suze heure », « Avec le nom Jacques Chirac, jamais vous ferez carrière dans la politique »…), d’où le côté familial du film…
Bref, une découverte attachante et une sortie idéale pour les petits et les grands.
Virginie Hours, spécial reporter pour Color My Geneva – tous droits réservés