Le onzième ouvrage de la romancière Emmanuelle de Boysson June lève le voile sur la mystérieuse et sulfureuse épouse de l’écrivain Henry Miller et de leur maitresse Anaïs Nin. L’auteure, lauréate du Prix Simone Veil, ressuscite avec justesse dans sa dernière biographie romancée l’atmosphère des années 1930 et des courants artistiques foisonnants entre New-York et Paris. Après avoir écrit sur la vie de Nathalie Clifford-Barney, femme de lettres ouvertement lesbienne dans Je ne vis que pour toi, Emmanuelle de Boysson met une nouvelle fois en scène le destin d’une femme libre, aux mœurs libérées.
Qui était réellement June révélatrice du talent d’Henry Miller et inspiratrice du Journal d’Anaïs Nin ? Qu’est-ce qui a suscité une telle Passion pour Henry qui lui a tout pris, mais dont elle était si fière ? Comment la Muse s’est-elle consolée de la trahison amoureuse d’Henry et d’Anaïs ?
La romancière…
Emmanuelle de Boysson est une femme de lettres aux nombreux talents : romancière, essayiste, critique littéraire, actrice, journaliste.
Après plusieurs essais (le secret des couples qui durent, Nous les bons vivants. Ras le bol des rabat-joie..), Emmanuelle de Boysson se consacre à l’écriture de romans où elle explore les méandres de la psychologie féminine (La revanche de Blanche, le salon d’Emilie, Oublier Marquise, Les grandes bourgeoises, Le cardinal et l’hindouiste…)
Elle est cofondatrice du Prix de la Closerie des Lilas (prix littéraire qui a pour vocation de soutenir la littérature féminine).
L’histoire …
« Au fin fond de l’Arizona, une femme affaiblie s’est réfugiée dans le ranch de son frère. A ses pieds, des malles contiennent les derniers souvenirs de son grand amour : le sulfureux écrivain Henry Miller. Après leur coup de foudre en 1923 dans un dancing de Broadway, elle l’a encouragé à écrire, a été son épouse et l’a entretenu pour qu’il puisse donner naissance à son oeuvre. Elle s’appelle June Mansfield. Tour à tour entraîneuse, serveuse ou comédienne, June n’a eu de cesse de brouiller les pistes. Sous la plume de l’auteur de Tropique du Cancer et d’Anaïs Nin, avec qui elle a formé un célèbre triangle amoureux, elle est devenue un personnage de fiction, mais n’a jamais livré sa vérité. » (Selon l’éditeur)
Les points forts…
Emmanuelle de Boysson rend hommage à June épouse méconnue qui a permis à Henry Miller de devenir un grand écrivain en le soutenant financièrement, se prostituant pour lui. Fantasque, passionnée, elle est source créatrice pour son mari. « Ce soir-là, Henry lui avoua que, depuis leur rencontre, il avait pris des milliers de notes afin d’écrire ce fameux livre sur elle, un livre où elle serait immortalisée.” Les personnalités complexes de l’attachante June et d’Anaïs Nin y sont dévoilées sans concession. ” Anaïs Nin semble faire passer ses ambitions littéraires avant le reste. Il y a chez elle une assurance qui frise la prétention”. L’écriture fluide et documentée transporte le lecteur au temps du New-York de la prohibition et du Paris artistique de l’entre-deux guerres.
Un ouvrage passionnant pour découvrir le couple infernal et mieux comprendre l’œuvre d’Henry Miller et celle d’Anaïs Nin, la sulfureuse écrivaine instigatrice de la rupture du couple.
Un extrait…
« Dans le métro qui {…} ramène June vers le Bronx, elle regrette d’avoir faussé compagnie à Henry Miller si vite. Elle a aimé son œil rieur, sa fougue, son esprit, sa douceur aussi. Il semble croquer la vie. En même temps, elle a l’intuition qu’il est sacrément à la dérive et qu’elle pourrait lui redonner espoir, sans s’avouer qu’elle n’attend qu’une chose : être elle-même arrachée à la mélancolie qui l’envahit ces derniers temps, cette intruse qui débarque à l’improviste. Seul l’amour pourrait lui faire barrage. Un homme qui lui ouvrirait un nouveau monde, avec qui elle partagerait sa passion pour la littérature et le théâtre ; celui dont elle a toujours rêvé, celui qui l’aimerait à la folie, à l’opposé de l’ancien boxeur avec qui elle a eu une aventure sans lendemain, il y a peu, un gars lourd et brutal, un pois chiche dans la tête. Henry serait-il celui-là ? Quoi qu’il en soit, un type qui aime Dostoïevski ne peut pas être mauvais. ».
June d’Emmanuelle de Boysson (éditions Calmann Levy)
Sandrine Bourgeois journaliste pour Color my Geneva (tous droits réservés)