Culture, Loisirs

Au cinéma, « Fumer fait tousser » pour mieux en rire

Comme à son habitude, le réalisateur Quentin Dupieux nous bouscule avec son nouveau film “fumer fait tousser”.

Cinq justiciers nommés les « Tabac Forces » sont là pour nous protéger, non du cancer des poumons (même si, et ils le répètent,” fumer, c’est pas bien”) mais des forces du mal qui menacent nos vies. C’est pourquoi, Mercure, Nicotine, Méthanol, Amoniaque et Benzène combattent les tortues démoniaques et autres cafards géants. Cependant, l’individualisme les guette et pour assurer une meilleure cohésion de groupe dans la perspective d’une ultime bataille, ils sont envoyés en séminaire. Car plane sur la terre un danger plus grand…

Fumer fait tousser de Quentin Dupieux

Avec Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier, Jean-Pascal Zadi, Oulaya Amamra et Vincent Lacoste

Sortie : 30 novembre 2022

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Voici la nouvelle « folie cinématographique » du réalisateur atypique Quentin Dupieux. Après Mandibules, Daims, Incroyable mais vrai (dont vous pouvez lire une critique sur CMG) nous sommes invités à nous plonger de nouveau dans son monde particulier…

Dès les premiers instants, il nous transporte dans les années 80. Les costumes et les attitudes sont un net clin d’oeil aux séries japonaises dite « à transformation » comme San Ku Kai ou Bioman, que Les inconnus avaient parodié également en leur temps. Ces justiciers en costume en lycra flirtent avec le ridicule et pourtant ! Dès les premières scènes, leur entrain et leur bagout sauvent la mise et les rendent attachants ; les confidences autour du feu de bois sont savoureuses et leurs états d’âme très drôles…

Quentin Dupieux s’amuse avec les codes comme à son habitude : ainsi, il ose le gore mais sans dépasser les limites, ce qui rend les torrents d’hémoglobine supportables.  La construction du film peut être déroutante mais elle lui sert habilement à insérer dans son histoire des scenettes qui sont la clef de cette nouvelle composition. En effet, elles ont un double avantage. Tout d’abord, elles lui permettent de faire appel ä une série d’acteurs et d’actrices talentueux et c’est un vrai plaisir pour les yeux même si leurs apparitions sont parfois courtes. On notera une excellente Blanche Gardin en patronne de scierie, Benoît Poelvoorde, Adèle Exarchopoulos ou Doria Tillier entre autres. Chacun trouve sa place dans une atmosphère loufoque, parfois absurde, souvent dérangeante entre le rire franc et le rire jaune.

On s’amuse aussi à retrouver les références de certains films comme La cité de la peur, la série Les drôles de dames, R2D2 dans La guerre des étoiles , Le projet Blair Witch (elle se filme disant ses adieux) ou Les power rangers.

C’est aussi un film à tiroir, le jeu étant de comprendre ce que Quentin Dupieux veut dénoncer à travers les rencontres de ses héros et héroïnes ou les différents récits : la pollution, les conditions de travail, le management, l’égalité, #Metoo, la dépendance au téléphone portable… Tout y passe !

Le film ne fera sans doute pas l’unanimité mais par touche, il nous incite à regarder notre société avec ses travers et ses contradictions. La fin reste ouverte et optimiste, l’humain retrouvant les plaisirs de la vie quand la machine déraille…

Virginie Hours, reporter pour Color My Geneva – tous droits réservés

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