Clara (Julia de Nunez) vit dans le sillage de son père, Paskal Jankovski, un chef étoilé (Clovis Cornillac) qui tient un restaurant en Bretagne. Quelques heures avant l’attribution de sa troisième étoile et lors d’une partie de chasse, celui-ci disparaît avec son second, Antoine (Julien de Saint Jean). Deux ans plus tard, Clara ne sait plus si elle doit attendre ou non. Ayant reçu une invitation à participer à un congrès gastronomique à Taïwan, elle décide de s’y rendre. Elle y retrouve un chroniqueur gastronomique nommé Mangenot (Louis-Do de Lencquesaing) qui avait en son temps contribué à la renommée de son père. Celui-ci est fasciné par la cuisine d’un très jeune chef Tao (J.C. Lin) dont les saveurs lui rappellent celles de Paskal Jankovski…
“La réparation” de Régis Wargnier
Avec Clovis Cornillac, Julia de Nunez, Julien de Saint Jean et J.C. Lin
Date de sortie : 17 avril 2025
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Le retour de Régis Wargnier
Qui se souvient du magnifique film Indochine qui lui valut l’oscar du meilleur film étranger en 1993 ? Avec une inspirante Catherine Deneuve, le réalisateur Régis Wargnier nous offrait une inoubliable épopée indochinoise… Par la suite, il continua de nous raconter de belles histoires, n’hésitant pas à puiser dans le romanesque, notamment avec Une femme française et Est-Ouest. Après onze ans d’absence qui ont suivi la sortie de Le temps des aveux, il revient avec ce nouveau projet, La réparation. On y retrouve les éléments qui font sa marque : une musique magnifique, de grands sentiments, des dialogues ciselés et de beaux espaces. Il parvient ainsi à réinventer un univers mainte fois traité : celui des restaurants étoilés avec leur chef tyrannique et sous pression (on se souvient d’Umami avec Gérard Depardieu en 2022), où les sentiments entre génération se partagent à travers la passion du goût (La saveur des Ramens en 2018). Les saveurs deviennent ainsi des émotions… Clara essaie de comprendre la disparition des deux hommes qu’elle aimait le plus au monde et cette recherche passe par la redécouverte de ce qui faisait la « pâte » de son père. L’intrigue nous entraîne ainsi de Pont-Aven à Taipei, des forêts bretonnes à celles tropicales de Taiwan. Mêlant habilement sentiments et thriller, Régis Wargnier maintient notre attention en alerte du début à la fin.
Une porte restée ouverte
Clara aspire à ouvrir des portes et à les maintenir… ouvertes ! Depuis toute petite, son père l’a préparée à reprendre le flambeau du restaurant. Entre amour et chantage, la frontière est mince. Cette disparition subite et douloureuse l’oblige à se positionner, à réfléchir à ce qu’elle souhaite réellement faire de sa vie. Son séjour à Taipei lui servira de nouveau départ.
Pour incarner Clara, l’actrice Julia de Nunez nous montre la palette de son jeu, entre force et fragilité. Fausse ingénue, elle nous séduit avec son phrasé singulier et ses grands yeux dans lesquels passent tant d’expressions… Face à elle, les deux hommes de sa vie s‘opposent en tout : le massif Clovis Cornillac est ce chef irascible et fragile à la fois tandis que le frêle Julien de Saint Jean est plus solide et constant. Mais la même passion les réunit, celle des saveurs… Même déclarés disparus, leurs ombres planent sur tout le film.
Un film qui transporte.
Si l’envie vous prend et que vous avez l’âme voyageuse, n’hésitez pas à retenir une table dans un des deux restaurants qui ont servi de cadre à l’intrigue : le restaurant Raw à Taipei et le Moulin de Romadec à Pont-Aven. Ils sont tous les deux étoilés !
Virginie Hours, reporter pour Color My Geneva – tous droits réservés.