Culture, Loisirs

Le Crépuscule des jours (aller Tage abend) : le burlesque derrière les rides

Le nouveau film du réalisateur suisse Felix Tissi bouscule notre vision de la vieillesse et de la mort grâce à une histoire jalonnée de rencontres fortuites et de situations étonnement espiègles.

Dans un monde qui nous est à la fois proche et lointain, plusieurs personnages se croisent, s’évitent, se manquent. Irma et Henri vivent un amour éternel et heureux, Alex et Léopold se lient d’amitié suite à un accident de voiture, une fleuriste maussade tombe sous le charme d’un prisonnier libéré pour ses 65 ans, un médecin pleure devant chacun de ses malades et une limousine blanche parcourt les rues désertes… Bienvenue dans le monde burlesque du réalisateur suisse Felix Tissi qui brocarde la vieillesse et la peur de la mort

Le Crépuscule des jours

De Felix Tissi
avec Uli Krohm, Vilmar Bieri, Sandro Di Stefano

Sortie  le 30 août  à Genève (Grütli), puis le 6 septembre à Lausanne, Neuchâtel et Oron.

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Le réalisateur suisse Felix Tissi est fasciné depuis longtemps par le phénomène du hasard et la manière dont les gens se croisent… ou non. Après Welcome to Iceland, il reprend ce procédé narratif dans son nouveau film Le crépuscule des jours. Dès la première scène, il nous transporte dans un monde particulier où deux véhicules se heurtent de face sur une route de campagne isolée…

Mais Felix Tissi y développe une nouvelle thématique :  la vieillesse et le temps qui passe. Le tournage de sa fiction a d’ailleurs été interrompu après 12 jours sur les 27 prévus à cause du Covid et des restrictions empêchant les rassemblements de plus de 50 personnes. Il a ainsi tremblé pour la santé de ses acteurs… Cette anecdote convient bien à un film qui traite de la fin de la vie, de cette période où chacun décline à sa façon. Mais attention, pas de sinistrose ! En utilisant des scénettes qui se répondent, par le biais de personnages dont les destins se croisent, Felix Tissi éclaire d’une lumière drôle cette étape de la vie qui peut encore réserver des surprises. A sa manière, il met de l’humour dans des scènes qui pourraient sembler glauques : celle du fumoir où se retrouvent des grands malades dans un hôpital est cynique et empreinte d’humanité à la fois, comme quand ils entonnent tous un refrain des Doors, manifeste en faveur d’une vie qui continue malgré tout.

Le réalisateur réussit ainsi à éviter les écueils de l’amertume et du désespoir. Le couple formé par Irma et Henri  nous touche car ils savent rompre leur quotidien par des instants de poésie (la danse, le repas) et de drôlerie (le jeu des lits). Le film a ainsi des allures de comédie à la fois absurde et caustique qui fait sourire.  « Oui, beaucoup de choses sont bizarres. J’aime les blagues. Mon approche dans ce film est la question suivante : qu’est-ce qui est le contraire de ce à quoi on s’attend ? Que se passerait-il si ? Je retourne le monde, pour ainsi dire” déclarait Felix Tissi dans une interview récente.

Il s’agit de son dernier film comme réalisateur car il souhaite se concentrer sur l’écrit dans ses prochaines années.  Il montre ainsi que la vieillesse a des « avantages » comme il dit, dont celle de vivre sans pression extérieure.

Un film plus délicat et drôle qu’il n’y parait au premier abord.

Virginie Hours, reporter pour Color My Geneva – tous droits réservés

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