Culture, Loisirs

Sur grand écran, « La fiancée du poète » nous offre une parenthèse enchantée

La comédienne et réalisatrice Yolande Moreau nous offre un film de poésie et d’amitié qui fait du bien en cette période troublée.

Mireille rentre chez elle après avoir passé quelques temps en prison. Elle travaille comme serveuse à la cafétéria des Beaux-arts et arrondit ses fins de mois avec des trafics de cigarettes. Sa maison étant trop grande pour elle seule, elle décide de suivre les conseils du prêtre de sa paroisse et d’accueillir des pensionnaires. Ces trois hommes vont apporter la fantaisie et l’amitié qu’elle recherchait…

La fiancée du poète de Yolande Moreau

Avec Yolande Moreau, Estéban, Grécory Gadebois, Thomas Guy

Date de sortie : 18 octobre 2023

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Voici un feel good movie idéal par les temps qui courent. Cette histoire de cabossés par la vie qui se trouvent par hasard et décident de créer un monde meilleur n’est pas sans rappeler le livre d’Anna Gavalda, Ensemble c’est tout. Mais Yolande Moreau y ajoute son sens du lyrique et son zeste de folie et transforme ainsi un récit qui aurait pu être banal en une balade poétique.

Il s’agit du 3ème film de cette artiste belge plus connue comme actrice depuis l’époque de la famille Deschiens (la troupe de Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff des années 90) que comme réalisatrice. Pourtant, elle passe derrière la caméra dès 2005 avec son premier film Quand la mer monte salué par le césar du meilleur premier film, suivi d’Henri en 2013. Quant à son talent de comédienne, il est enfin récompensé en 2005 et 2009 par le césar de la meilleure actrice grâce à son rôle d’Irène dans Quand la mer monte mais surtout à celui du peintre Séraphine Louis dans Séraphine.

Avec ce nouveau film, on la retrouve devant et derrière la caméra. Elle reste fidèle à la région du Nord (elle est de nationalité belge avec un père wallon et une mère flamande) en implantant son histoire près de Charleville. La ville où naquit Arthur Rimbaud est choisie avec malice comme écrin pour cet hymne à la poésie. Car de manière délicate mais crédible, Yolande Moreau fait de son héroïne une intellectuelle férue de jolis mots et de quatrains. Elle met ainsi la poésie à l’honneur, fait rare dans notre cinéma actuel. Chacun de ses locataires se révèle d’ailleurs un artiste à sa façon, soit jardinier, soit peintre, soit musicien. Ils adhèrent à sa douce originalité et redonne vie à cette maison trop grande et à son occupante, toujours hantée par la trahison de son véritable amour, un faux poète mais vrai plombier qui réapparait un jour, fasciné par son portrait qu’il découvre dans une galerie d’art…

Tous ces personnages sont attachants à leur manière avec leur apparente fragilité et leur mensonge. Yolande Moreau a su parfaitement s’entourer d’acteurs éclectiques, parfois familiers comme François Morel et Philippe Duquesne de la bande des Deschiens, Grégory Gadebois ou Thomas Guy. La musique tient également une place importante comme un appel à l’évasion grâce à Estéban, le fameux chanteur des Naive New Beaters et William Scheller, étonnant en prêtre en soutane qui joue du Abba sur l’orgue de son église.

A leur contact, Yolande s’épanouit et se prend à rêver d’une autre vie… et nous aussi !

La fiancée du poète a été récompensé du prix du scénario au Festival du film francophone d’Angoulême.

 

Virginie Hours, reporter pour Color My Geneva – tous droits réservés

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