Gabriel Carvin est un chef étoilé saumurois en pleine gloire qui se voit remettre sa troisième étoile de cristal par un critique culinaire. Colérique, désabusé, il fait une crise cardiaque le soir-même. Afin de retrouver le goût de vivre et des saveurs, il décide de se rendre au Japon et de découvrir les mystères de l’umami, la cinquième saveur du palais. Il disparait sans avertir sa femme est ses enfants…
“Umami” de Slony Sow avec Gérard Depardieu, Kyozo Nagatsuka, Sandrine Bonnaire et Pierre Richard
Sortie Suisse romande : 17 mai 2023
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Le scénariste et réalisateur français Slony Sow nous offre une fable culinaire avec son nouveau film « Umami ».
En japonais, le terme « Umami » signifie savoureux, délicieux. C’est une cinquième saveur de base avec le sucré, l’acide, l’amer et le salé. Un prestigieux chef étoilé (Gérard Depardieu) au bout du rouleau va partir à sa recherche, métaphore d’un nouveau souffle et du besoin de se recréer, spirituellement et socialement. Le choix de Gérard Depardieu pour incarner Gabriel Carvin est assez logique. Il a la carrure nécessaire (au propre comme au figuré) pour incarner les bons vivants ; on se souvient du film « Vatel » de Roland Joffé en 1998 dans lequel il jouait le cuisinier du prince de Condé ; en 2016, il participe avec le chef Laurent Audiot à une émission télévisée « à pleines dents» dans laquelle il vantait les bon vin et les produits de terroir. Bref, c’est l’homme de la situation… On peut ensuite regretter qu’il se complaise dans le rôle de l’homme fatigué, désabusé et colérique car on ne sait plus s’il joue ou s’il reste lui-même. Quoiqu’il en soit, il ose le grotesque en peignoir et à vélo.
L’intérêt principal du film est autre.
Slony Sow nous plonge dans le quotidien d’un restaurant de luxe, soumis à la pression de l’excellence et au diktat des avis des réseaux sociaux. Sandrine Bonnaire, l’épouse du chef qui oeuvre dans l’ombre, porte avec dignité les soucis de la réputation d’un établissement qui fait vivre une vingtaine de personnes. C’est un rappel que le succès d’un restaurant est une affaire souvent de couple… ou/et d’équipe ! Du cuisinier au serveur, tous sont responsables à leur manière de la mise en valeur d’un restaurant étoilé… On ne peut s’empêcher de penser à ces chefs cuisiniers qui n’ont pas supporté la pression ou le rythme infernal (en 2016 Le chef Benoît Violier du restaurant L’hôtel de Ville de Crissier ou en 2021 le chef japonais Taku Sekine), mais aussi à ceux qui ont finalement préféré « rendre » leurs étoiles comme le chef cuisinier et pâtissier Cyril Lignac qui ferme son restaurant en 2019 en disant vouloir se libérer du système de classement du guide Michelin. C’est un film qui leur rend hommage à sa manière.
Le film met aussi en avant la difficulté de la transmission d’un savoir-faire, que ce soit en France ou au Japon… Comment accepter de faire confiance à la nouvelle génération et oser faire « autrement » quand les critiques ne tolèrent aucun faux pas, aucune approximation ?
L’autre atout est de re-découvrir la cuisine japonaise. Slony Sow semble vouloir dépasser l’opposition entre la sophistication de la cuisine française et la simplicité de la japonaise pour se concentrer sur le dénominateur commun : le plaisir…
A nous de le retrouver !
