12 janvier 2023

Avec le documentaire « Que les lumières soient ! » découvrez le balbutiement de la Suisse cinématographique

Après vous avoir fait re-découvrir le réalisateur genevois Alain Tanner, Color My Geneva vous propose de faire la connaissance du pionnier du cinéma suisse, François-Henri Lavanchy-Clarke grâce à un documentaire passionnant « Que les lumières soient ! »

Les archives cinématographiques françaises recensent plusieurs centaines de milliers de titres.  Les films numérisés sont consultables à la Bibliothèque nationale de France ; les plus anciens, conçus avec des supports en nitrate de cellulose hautement inflammable, sont conservés dans les sous-sols de la batterie de Bois d’Arcy dans les Yvelines. C’est là qu’une cinquantaine de bobines particulières ont été retrouvés, triés, analysés et « réparés ».  Ces bobines contiennent les plus anciennes prises de vue en Suisse et ont toutes été tournées par le vaudois François-Henri Lavanchy-Clarke. La vie extraordinaire de ce touche-à-tout qui fut à la fois missionnaire, photographe ou entrepreneur, est intimement liée à l’histoire du cinéma suisse et de la Confédération. Le documentaire « Que les lumières soient » lui rend enfin hommage.

Passionnant.

“Que les lumières soient ! Adieu Belle Epoque, bonjour Cinéma” de Hansmartin Siegrist

Date de sortie : 18 janvier 2023

***

Un précurseur méconnu

François-Henri Lavanchy naît en 1848 à Morges dans une famille de Vigneron. Il part faire des études de droit à Paris, puis prête main-forte à la Croix-Rouge comme ambulancier pendant la guerre franco-allemande en 1870. L’année suivante, il distribue des bibles dans le sud de la France, puis part en Égypte comme missionnaire. Il s’engage ensuite auprès des personnes mal-voyantes et établit un réseau d’ateliers qui les emploient spécifiquement. En 1878, il organise un congrès à Paris et y présente un projet d’écriture en braille. Il rencontre sa femme Elisabeth Clarke, et après leur mariage décide d’apposer son nom et de s’appeler Lavanchy-Clarke. A la fin des années 80 commence sa collaboration avec l’industriel anglais William Hesketh Lever, fabricant des savons Sunlight. Il en devient le premier distributeur sur le continent et utilise le cinéma pour en faire la publicité ! Le documentaire nous montre ainsi plusieurs de ses films dans lesquels il glisse discrètement l’image de la marque Sunlight…

 

Les balbutiements du cinéma suisse

Dans les années 1890, la technique cinématographique est en révolution, de nombreux chercheurs travaillent à capter l’image en mouvement. Lavanchy-Clarke, intéressé depuis des années par la photographie, mise sur Georges Demenÿ.  Celui-ci a inventé un appareil permettant de visionner quelques secondes de film, reproduites sur un disque. Les frères Lumière sont les plus avancés et ont une technologie permettant de réaliser des films plus longs. Lavanchy-Clarke va utiliser leur cinématographe dès 1896 pour tourner ses films. Ce sont les premiers réalisés en Suisse et le documentaire nous offre ces images touchantes :  défilé en costumes traditionnels à Interlaken,  bûcherons et défilé sur la place St-François ä Lausanne, le vieux pont à Berne…  Il les montrera ensuite lors de l’Exposition Universelle de Genève.

C’est un des autres intérêts majeurs de ce documentaire. Il nous explique les différentes techniques utilisées (chronophotographie, technique des automates, etc) et montre comment ce visionnaire a utilisé la photographie et le cinéma à des fins commerciales (publicité, divertissement).

 

L’Exposition nationale suisse de Genève en 1896

L’Exposition nationale de Genève a pour but de présenter un tableau d’ensemble de la capacité productive de la Suisse dans les domaines de la science, de l’industrie, des arts et des métiers, des beaux-arts, de l’agriculture, de l’instruction publique et de l’économie sociale. Elle doit faire apprécier au peuple suisse ses propres forces, ouvrir de nouveaux débouchés intérieurs à la production nationale et lui donner le sentiment concret de l’importance de son activité.” (Extrait du Guide officiel de l’Exposition de 1896).

L’exposition s’étendait sur la Plaine de Plainpalais et de part et d’autre de l’Arve, de la route des Acacias à l’avenue Sainte-Clotilde. Elle proposait de nombreux pavillons consacrés à l’agriculture, aux sciences, à l’industrie et aux beaux-arts.

Pour Lavanchy-Clarke, c’était une occasion unique de faire connaître le cinéma. Il souhaitait pouvoir projeter ses films dans le cadre du village suisse mais sa demande fut rejetée. Il créa alors le palais des fées, bâtiment aux allures de pagode et de café arabe, et y organisa notamment des séances de projection de ses films. Certains historiens considèrent que ce fut la première salle de cinéma de Suisse… Les visiteurs pouvaient aussi y découvrir des illusions d’optique avec labyrinthe de miroirs et des robots horlogers qui ressemblaient à des êtres humains. Certains pensent qu’il créa ainsi le premier parc d’attraction en marge de l’exposition officielle.

Le documentaire met avec intérêt l’accent sur cette exposition universelle qui fut un succès public impressionnant avec 2 millions de visiteurs en six mois.. Grâce aux films tournés par Lavanchy-Clarke, nous sommes plongés dans une Suisse éternelle et fantasmée avec le fameux village suisse mais aussi dans une époque coloniale avec le village noir  qui se trouvait de l’autre côté de l’Arve dans le parc de plaisance, au côté du watertoboggan ou du relief Magnin.

Le documentaire reflète ainsi une époque qui se voulant précurseure, annonçait la fin d’un monde.

 

Envie d’en savoir plus ?

L’exposition «Kino vor dem Kino» («Le cinéma avant le cinéma») qui est consacrée ä François-Henri Lavanchy-Clarke est à voir jusqu’au 29 janvier 2023 au musée Tinguely de Bâle.

 

Virginie Hours, reporter pour Color My Geneva – tous droits réservés

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