Culture, Loisirs

Avec “The driven ones”, zoom sur l’élite de demain

Avec curiosité et une forme d’empathie, le réalisateur suisse Piet Baumgartner suit le parcours de 5 étudiants prometteurs de l’Université de Saint Gall (HSG).

Entre 2015 et 2021, le réalisateur suisse Piet Baumgartner a suivi le parcours de 5 étudiants prometteurs de l’Université de Saint Gall (HSG), Feifei, Sara, Tobias, Frederic et David. Leur point commun ? Avoir été admis à un des masters les plus en vus, celui de « Stratégie et gestion internationale » et être considérés à ce titre comme faisant partis de la future élite économique. On leur promet une carrière magnifique et ils y croient, prêts à tous les sacrifices pour y arriver. Mais leur parcours n’est pas aussi linéaire…

“The driven ones de Piet Baumgartner

Avec Feifei, Sara, Tobias, Frederic et David

Date de sortie : 27 juin 2024

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La “fabrique des élites” fascine le cinéma, comme nous le montrait récemment le film La voie royale sur les Ecoles Préparatoires aux Grandes Ecoles françaises. Alors, que peut nous apporter de différent The driven ones ? En choisissant de suivre deux filles et trois garçons lors de leurs années de master (brièvement) et de leur premier job, le réalisateur Piet Baumgartner (ancien journaliste économique de l’émission Cash en suisse alémanique) nous offre un portrait de la nouvelle génération des hauts potentiels. Avec une question sous-jacente : est-elle différente des précédentes ? Ils viennent de différents horizons et origines : l’une est fille d’immigrés chinois et vient d’Allemagne, l’autre est un descendant de Gustave Ador, un troisième est originaire du canton d’Argovie. Face à la caméra, ils jouent le jeu et partagent avec force et candeur leurs espoirs, leurs déceptions, leurs états d’âme alors que le monde économique semble s’ouvrir à eux. Ainsi se désolent-ils de la vacuité de certains workshops ou de certains cours, dénigrent-ils les propos de quelques recruteurs… Deux d’entre eux choisissent de se lancer dans une start-up, les trois autres préfèrent le consulting dans de grands groupes comme BCG. Finalement, ils semblent suivre le cours des choses, ne se rebiffent pas contre le système comme certains étudiants français qui lors de leur remise de diplôme appelaient à déserter certains emplois « face à l’urgence climatique et sociale ».

Entre deux avions, des nuits courtes et des exposés, ils semblent vivre hors-sol, parfois comme décalés face à la réalité : Feifei ne prend pas vraiment conscience que ses conseils pourraient entraîner des réductions d’effectif dans certaines entreprises, Sara s’étonne presque des exigences de garantie financière que lui demande un investisseur et David, lui, affirme que sa société Kaia Health aura plus d’impact sur le bien-être des gens que le travail d’une infirmière…Ils veulent aller jusqu’au bout de leur possible, quitte à travailler dur et à sacrifier une grande part de leur vie personnelle. Et ils ne sont pas les seuls : Feifei décide de trouver un travail à Zurich pour se rapprocher de son compagnon… qui choisira ensuite de déménager à Genève sans la concerter. Cruelle réalité des priorités. De ce point de vue, leur ténacité et leur capacité de travail sont bluffantes. « On devient impatient » reconnait Feifei qui peine à supporter les nuits trop courtes et traque toute perte de temps. Peut-être est-elle celle qui montre le plus d’état d’âme avec une vie intérieure plus forte comme tendent à le prouver ses qualités de pianiste et de chanteuse. Elle reconnait que « peut-être qu’un jour on aura plus besoin de cabinets de conseil, que ceux-ci disparaitront et ce ne sera pas grave ». Quant à Sara, elle décide de se relancer dans l’aventure entrepreneuriale malgré un premier échec.

Finalement, certains ont réussi, d’autres pas. Certains sont célibataires, d’autres pas. Sont-ils heureux ? Peut-être. En tous cas, tous ont mûri… et restent motivés.

Le film a été nominé pour le Quartz du meilleur documentaire du Cinéma Suisse 2024.

 

Virginie Hours, reporter pour Color My Geneva – tous droits réservés

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