Kelly Jones (Scarlett Johansson) travaille à Manhattan comme publicitaire à succès. Contre toute attente, elle est engagée par un représentant du gouvernement des Etats-Unis (Woody Harrelson) et se retrouve avec son assistante en Floride, là où la Nasa prépare l’envoi d’hommes sur la lune selon le souhait de Kennedy. L’heure est grave : la guerre du Vietnam fait rage, l’ombre de la catastrophe d’Apollo I plane toujours, le peuple américain se désintéresse de la conquête spatiale et les crédits sont insuffisants. Il s’agit de susciter de nouveau l’enthousiasme et Kelly va s’y consacrer contre l’avis du directeur de la mission, le séduisant Cole Davis (Channing Tatum).
“Fly me to the moon” par Greg Berlanti
Avec Scarlett Johansson, Channing Tatum et Woody Harrelson
Date de sortie : 10 juillet 2024
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« Fly me to the moon » est une chanson surtout connue pour la version de Franck Sinatra enregistrée en 1964 et emblème du programme spatial Apollo. Elle aurait été écoutée dans les cockpits lors des missions Apollo 10 et Apollo 11. Elle fut reprise plusieurs années plus tard par Diana Krall lors de la cérémonie de commémoration du 40e anniversaire de la mission ainsi que lors du service funèbre du commandant de mission Neil Armstrong en 2012. Mais « Fly me to the moon » est aussi le rêve des 400 000 employés de la Nasa qui travaillent dur dans les années 60 pour envoyer des hommes sur la lune… et regagner du prestige face aux soviétiques ! Cette période a déjà fait l’objet de nombreux films tel « Les figures de l’ombre » en 2016. Cette fois-ci, le réalisateur américain Greg Berlanti choisit l’angle de la comédie romantique en reprenant les codes qui faisaient la part belle aux films des années 60. La pétillante Scarlett Johansson, reprend fièrement le flambeau laissé par Nathalie Wood, Audrey Hepburn ou Shirley MacLain. Elle incarne avec brio une publicitaire sans scrupule qui cherche à « vendre » à tout prix l’opération Apollo. Cette recherche de gain ne correspond pas à la réalité puisque la Nasa en tant que telle ne commercialisait pas de produits au contraire des nombreuses sociétés privées qui travaillaient pour elle. En revanche, le partenariat avec les montres Omega est vrai, non à des fins publicitaires mais techniques. Le choix du script est très réussi et Scarlett Johansson nous fait croire avec brio à cette marchandisation d’Apollo 11.
La deuxième partie, en faisant référence à la théorie complotiste selon laquelle jamais les américains n’ont marché sur la Lune et que les images diffusées furent fabriquées, est également très amusante. La mise en scène top secrète nous offre de nombreux moments cocasses et très bien vus. Cette idée viendrait d’un livre de 1976 rédigé par un ancien officier de la marine américaine à une époque où la confiance dans le gouvernement américain était entamée par l’enlisement de la guerre du Vietnam et les scandales du Watergate. La figure intègre et presque monolithique de Cole, incarné par un Channing Tatum qui parvient à humaniser le directeur des opérations trop sérieux, est le parfait contrepoids au bulldozer Johansson. Le couple Kelly/Cole joue ainsi parfaitement sur cet antagonisme, symbolisé par la présence en continu d’un chat noir et soutenu par des dialogues souvent très drôles. Les seconds rôles ne sont pas oubliés et que ce soit l’assistante démocrate (Anna Garcia), les deux (trop jeunes) ingénieurs (Noah Robbins et Donald Elise Watkins) ou le réalisateur fantasque (Jim Rash), ils font pleinement partis du ressort comique.
Enfin, l’ambiance sixties est parfaitement reconstituée et nous replonge dans une époque où deux blocs idéologiques s’affrontaient via la presse, la télévision et des stratégies de communication différentes. On redécouvre ensuite avec délice les images toujours disponibles sur internet et qui rappellent que cette conquête de l’espace connut ses victoires et ses tragédies.
Une bonne comédie romantique idéale pour une soirée d’été.
Virginie Hours – reporter pour Color my Geneva, tous droits réservés