Derrière son brûlant et envoûtant compte Instagram et ses 127 milles abonnés – Adulte air – se cache une genevoise aux origines perses, avide de création artistique. Avec une délicatesse et une passion inouïe, Rita Perse traduit par ses posts – avec une plume vivifiante et sensible – toute la douceur, l’incandescence et la fugue des amours infidèles, contrariées, adultères, ou, tout simplement, ivres de légèreté, d’inspiration et de liberté !
Au mois d’octobre dernier, le compte Instagram Adulte Air est devenu un roman étincelant : ses milliers de followerspeuvent aussi déguster l’amour des mots et la poésie érotique, crue et délicate de Rita Perse sous un format littéraire innovateur. Nous pouvons toutes et tous plonger, corps et âme, dans les pages torrides et poétiques de son hypnotique ouvrage éponyme Adulte Air, paru aux éditions La Musardine. Une œuvre littéraire qui est une véritable tempête de désir et d’enchantement. Mon incroyable invitée nous invite à habiter le monde (et Genève) poétiquement, en rendant grâce à la beauté changeante du désir et des rencontres.
Rita Perse, est-ce que, selon vous, Genève est une ville érotique ?
Genève a plusieurs visages. Elle est à la fois une ville internationale, tout en étant aussi un village où tout le monde se connait. Elle est à la fois protestante et calviniste, mais aussi multiculturelle, à travers ses habitants issus de l’immigration. Est-elle particulièrement érotique ? Je ne pense pas.
Est-ce que l’érotisme peut être intrinsèquement lié à la poésie ?
Bien entendu. Qu’il s’agisse de l’art, de la photographie, de la littérature ou toute autre forme d’expression artistique, l’érotisme est présent par le biais même de la poésie, puisqu’elle permet d’exprimer de façon détournée la sexualité. Qu’il s’agisse d’un nu de Man Ray comme « La Prière » ou des textes de Serge Gainsbourg, nous sommes toujours face à une expression poétique de la sexualité, donc face à de l’érotisme.
Est-ce qu’il y a une forme de liberté plus accentuée dans la création littéraire érotique ?
J’ai envie de vous répondre par une citation de Francis Picabia : « Un esprit libre prend des libertés même à l’égard de la liberté ». Qu’importe le registre littéraire, on dispose de la liberté qu’on s’octroie. Raconter une histoire, c’est déjà prendre une liberté immense, celle de la subjectivité et du point de vue. Est-ce que raconter l’intime et le corps, c’est bénéficier d’une forme de liberté plus accentuée ? Je dirai plutôt que c’est un choix, celui des mots et des émotions que l’on souhaite retranscrire.
Parmi vos démarches littéraires toujours très contemporaines, il y a bien sûr votre compte Instagram Adulte Air : Pensez-vous que les réseaux sont devenus nos amis du quotidien ? Peuvent-ils nous offrir un supplément de vie – un supplément d’âme ?
« Amis du quotidien », je pense que le terme est trop fort. Sans doute parce que j’accorde une importance démesurée à l’amitié. Je dirais donc plutôt « compagnons de route ». Ils sont effectivement omniprésents dans nos vies, à moins de faire partie de cette minorité qui vit sans. En ce qui me concerne, Instagram est avant tout un lieu de partage et d’échanges. Une extension des possibles qui permet notamment d’échanger au-delà des frontières physiques de la vie quotidienne. J’ai tout de même une réserve quant à leur omniprésence dans nos vies, notamment chez les plus jeunes. La vraie vie est bien plus riche et les réseaux sociaux ne devraient être qu’une extension de celle-ci, pas s’y substituer.
Comment s’est déroulée la transition entre le format Instagram et le roman, Rita ?
Le compte Instagram est un « mood board », instinctif, instantané, quotidien. Il est le reflet d’une pensée du moment. Raconter une histoire, c’est une tout autre démarche. Avec mon éditrice, Anne Hautecoeur, nous avions envie de raconter ce qui se cachait entre les posts, imaginer l’histoire derrière les papiers froissés. Mon challenge résidait dans le fait de rester fidèle au compte tout en proposant autre chose. Il m’a fallu d’abord faire un choix quant aux posts à retenir et puis, j’ai reconstitué un puzzle, tissé une trame en écrivant les textes qui accompagnent chacun d’entre eux.
Il s’agit d’une œuvre littéraire à part entière, comment ont réagi vos followers ?
J’ai la chance d’avoir eu beaucoup de retours de lecteurs directement en messages privés sur le compte. Beaucoup étaient bouleversés et surpris par l’éventail des émotions ressenties à la lecture du livre. Ce qui revenait le plus souvent c’était le rire, l’excitation et la mélancolie. Autant dire une lecture en montagnes russes !
J’ai l’impression en vous lisant que le désir est un compagnon de fortune et d’infortune. Est-ce que selon vous, le désir est une fête que nous ne maîtrisons pas ?
Absolument. C’est bien parce que nous ne le maîtrisons pas qu’il peut être à l’origine de bien des soubresauts de nos vies bien rangées.
Si votre roman devenait un film, qui verriez-vous jouer les rôles principaux ?
C’est drôle, mais deux acteurs s’imposent dans mon imaginaire : Sophie Marceau et Jeremy Irons dans le rôle des amants.
Est-ce que vous travaillez sur une suite ? Ou un deuxième roman se prépare ?
J’écris tous les jours. Souvent dans ma tête, parfois dans mon carnet et d’autres fois sur mon téléphone. On me demande souvent s’il y aura une suite… je ne pense pas. J’ai envie de raconter tout autre chose et c’est ce projet qui est en train de mûrir quelque part entre ma tête, mon carnet et mon ordinateur.
Une balade poétique et érotique à Genève…
Les ruelles de la Vieille-Ville. Elle regorge de petits passages discrets, chargés d’histoire et d’âmes inspirantes.
Immergez-vous dans l’univers artistique, poétique, onirique et érotique de Rita Perse, et découvrez un nouvel incroyable talent genevois à travers sa page Instagram !
Flávio D. – Reporter chez Color my Geneva – Tous droits réservés