Pierre est ingénieur et vit à Paris. A l’occasion d’un déplacement professionnel, il se retrouve à Chamonix. Irrésistiblement attiré par les sommets des montagnes, il décide de rester et d’installer un bivouac au pied des dents du Midi. Les jours passent et il ne redescend pas… Il fait la rencontre de Léa, la cheffe du restaurant d’altitude, qui l’aide à s’approvisionner. Un beau jour, un effondrement a lieu sur un glacier. Il décide de s’y rendre.
« La montagne » de Thomas Salvador avec Thomas Salvador et Louise Bourgoin
Sortie France : 1er février 2023
Sortie Suisse : 15 février 2023
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Le réalisateur Thomas Salvador avait fait sensation en 2014 avec son premier film « Vincent n’a pas d’écailles » qui avait reçu le grand prix du jury au Festival international du film indépendant de Bordeaux. Il récidive dans la catégorie Film fantastique avec « La montagne ». Toutefois cet aspect de l’histoire n’est pas fondamental. Elle apporte surtout une note de poésie et de réflexion sur le lien que le héros tisse avec le minéral. Pierre, qui porte bien son nom, est un ingénieur, un rationnel. D’où l’incompréhension des siens lorsqu’ils découvrent qu’il a décidé de tout plaquer pour vivre sous une tente dans un paysage enneigé.
Le début du film ressemble donc au scénario de « Into the wild », une quête personnelle qui passe par un retour à la nature, au vide et au silence. Thomas Salvador, à la fois acteur et réalisateur, est lui-même alpiniste. Il porte depuis longtemps ce projet de fiction sur l’alpinisme, projet qu’il avait abandonné suite au décès de l’alpiniste et ami qui devait tenir le rôle principal. Le rapport de Pierre avec la montagne est donc sérieux, dénué d’angélisme. Pierre se prépare en s’entraînant sur le bas du glacier, en faisant appel à un guide, avoue que le rocher ne lui est pas totalement inconnu puisqu’il fait de l’escalade en salle à Paris… Le réalisateur nous offre ainsi une belle immersion avec de magnifiques plans de massifs enneigés. Il transmet très bien les relations qui se tissent entre alpinistes avant le départ d’une course, les échanges laconiques d’information, ce sentiment d’appartenir à un même clan. Pierre contemple, prend son temps et nous aussi, comme un partage devant l’immensité.
Puis, arrive l’effondrement du pan d’un glacier. Pierre est curieux. Mu par une force inexplicable, il décide d’aller sur place et de comprendre les raisons de la catastrophe. Par ce biais, Thomas Salvador nous introduit auprès de la montagne et en fait une personnalité à part entière, qui souffre de cet emballement climatique, comme un clin d’oeil aux premières images désespérantes de cette mer de glace en pleine agonie. Il met aussi le projecteur sur le phénomène des glaciers noirs. Ces derniers correspondent à des amas de roches soudés entre eux par de l’eau gelé, le problème étant que le réchauffement fragilise ces amalgames et peut provoquer des écroulements. Mais l’optimisme gagne heureusement la fin du récit.
Le retour à la vie de Pierre est faite de poésie et de sentiments. Il répond à un appel du cœur, preuve que l’amour peut tout.
Le film a obtenu le prix SACD à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes 2022, l’Oeil d’or du Paris International Fantastic Film Festival 2022 et les prix du Jury et prix de la critique au Festival de Gerardmer 2023.
A regarder sur grand écran.
Virginie Hours, reporter pour CMG – tous droits réservés