9 mars 2023

“Mon crime”, une comédie à double facette de François Ozon

François Ozon a envie de légèreté ! Après une série de drames (Grâce à Dieu, Été 85), il retourne à la comédie avec un nouveau film dans la lignée de "Potiche" et "Huit femmes". Réjouissant.

À Paris dans les années 1930, Madeleine Verdier, jeune actrice sans succès partage son appartement avec son amie Pauline Mauléon, avocate sans clients. Toutes les deux font face à des difficultés financières jusqu’à ce que Madeleine soit accusée à tort d’avoir assassiné un célèbre producteur. Elle conteste les faits… jusqu’à ce que les deux jeunes femmes comprennent que cette situation présente plus d’avantages que d’inconvénients. Elles vont renverser la situation jusqu’à une apparition imprévue.

“Mon crime” de François Ozon

Avec Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder, Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, Dany Boon…

Date de sortie : 8 mars 2023

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Une comédie divertissante…

François Ozon a choisi cette fois-ci d’adapter une pièce de Louis Verneuil et Georges Berr, Mon Crime, créée sur scène en 1934. Edwige feuillère, transfuge de la Comédie Française y faisait ses débuts au théâtre boulevard. Le réalisateur joue avec les codes  mélangeant justement ceux du boulevard et ceux des comédies plus classiques avec une pointe de policier et nous offre un spectacle particulièrement divertissant. Bien entendu, il faut entrer dans son univers, accepter le jeu volontairement marqué et décalé des acteurs et actrices (celui-ci peut irriter) mais l’ensemble est cohérent et vivifiant.

François Ozon souhaitait réunir des acteurs reconnus et débutants, de tous les âges et de tous les styles. Ce melting pot est savoureux avec un casting magnifique :  on retrouve les habitués comme Fabrice Luchini, André Dussolier, Isabelle Huppert, Michel Fau, Félix Lefebvre, mais aussi des nouveaux tel Dany Boon doté d’un accent marseillais particulier, Régis Laspales, Daniel Prévost… Les comédiennes débutantes Nadia Tereszkiewicz (césar 2023 du meilleur espoir féminin pour son rôle dans Les amandiers) et Rebecca Marder forment un duo complice et complémentaire très efficace.

Quant à Isabelle Huppert, elle s’amuse à incarner une Sarah Bernard du cinéma déjantée plus vraie que nature.

 

… qui cache des sujets plus graves  

Cependant, François Ozon cache son véritable jeut. Comme à son habitude, il utilise la légèreté pour s’attaquer à des sujets plus graves. Dès la première scène, le ton est donné : la jeune actrice s’enfuit du domicile d’un riche producteur qui voulait abuser d’elle. Mais sa parole sera-t-elle entendue alors qu’elle n’est qu’une jeune comédienne inconnue et sans appui ? L’affaire Weinstein n’est pas loin. Il est difficile de ne pas penser au mouvement #metoo et ce n’est certainement pas un hasard si le film sort sur nos écrans le 8 mars. Mais François Ozon va plus loin.

Avec pertinence,  l’histoire se déroule entre les deux-guerres, période trouble marquée par la montée de l’antisémitisme et du fascisme et la crise économique. Parallèlement, l’affaire des sœurs Papin défie la chronique, tout comme le meurtre perpétré par la jeune Violette Nozière. La presse est avide de sensationnel, incarné par le jeune journaliste à la recherche de contacts privilégiés et de scoop.François Ozon dénonce ainsi comment la presse transforme un fait divers en fait de société, ou comment journalistes et protagonistes s’utilisent les uns les autres. Par petites touches, il évoque aussi la difficulté à assumer son homosexualité en public, les luttes de classe… Néanmoins, il serait dommage de réduire « Mon crime » à un nouveau manifeste en faveur de plus de respect et d’égalité. C’est également une comédie délicieuse et décalée, portée par une pléiade d’acteurs visiblement très heureux d’être là… Tant mieux !

Virginie Hours, reporter pour Color my Geneva – tous droits réservés

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