Le Black Movie projette un grand nombre de films originaux pendant 10 jours et compte parmi ses invités plusieurs réalisateurs étrangers. Ce festival est une occasion exceptionnelle, aussi bien pour le public que pour ces artistes.
Parmi eux, un jeune chinois, Zhou Hao, « étudiant encore », mais se présentant plutôt comme un réalisateur. Il arrive pour la première fois en Suisse avec son premier long-métrage, « The Night », réalisé avec des amis et entièrement auto-financé. Nous avons été particulièrement touchés par cette oeuvre, qui mélange le thème de la prostitution et le mythe de Narcisse avec beaucoup de poésie. Nous avons rencontré le réalisateur Zhou Hao dans le cadre du Black Movie.
Comment as-tu eu l’idée du film ?
J’ai d’abord découvert le mythe de Narcisse grâce à un ami. J’ai beaucoup aimé ce personnage et j’ai commencé à chercher un univers qui pourrait lui correspondre. Et j’ai pensé aux prostitués. Comme ils utilisent leur corps pour travailler, peut-être qu’ils peuvent développer une forme de narcissisme car ils ont des relations charnelles et dénuées d’amour avec leurs clients… Je me suis renseigné sur le sujet et j’ai réalisé ce film.
Quelle est la politique de la Chine vis-à-vis de la prostitution ?
En Chine, tout ce qui est lié à la sexualité est tabou, donc la prostitution est interdite. Mais je ne pense pas que ce soit une solution. Je crois que la plupart des gens font ce métier de manière temporaire, pour des raisons d’argent. Je ne sais pas non plus ce que le gouvernement devrait faire pour ce métier, mais l’interdire est impossible.
Quel est la place de l’artiste dans la société, selon toi ?
En tout cas, je ne pense pas qu’il s’agit de poster des selfies avantageux de soi… Je crois que l’artiste peut porter un regard critique sur la société. Personnellement, je ne désire pas devenir une star et vivre de manière luxueuse. Pouvoir vivre tout en faisant ce qui me plaît, c’est-à-dire tourner des films, ça me suffit. Malheureusement, aujourd’hui, de nombreux jeunes chinois ne savent pas ce qu’ils aiment. La pression sociale est trop forte…
Comment es-tu arrivé à savoir ce que tu aimes ?
Depuis tout petit, j’ai toujours été très attiré par l’art. J’ai beaucoup lu, notamment des oeuvres classiques chinoises (et non pas les romans internet qui sont très en vogue en Chine chez les jeunes), j’aime beaucoup la musique aussi et bien sûr le cinéma. Et enfin, j’ai beaucoup réfléchi sur la manière dont je veux mener ma vie.
Pour finir, la question spéciale Color My Geneva : si tu étais une couleur, laquelle serais-tu ?
Avant, j’aimais beaucoup le bleu. Mais maintenant, j’ai remarqué que j’aime de plus en plus le noir… Je pense que c’est ce qui correspond le plus à ma personnalité. Et j’aime beaucoup les peintures à l’encre traditionnelles chinoises, en noir et blanc !
Merci beaucoup et bravo pour ton film !
Clarissa Y. – Journaliste pour Color my Geneva