Culture, Famille, Loisirs

Avec « Sauvages » de Claude Barras sur grand écran : Ouvrons les yeux !

Après « Ma vie de courgette » en 2016, le réalisateur valaisan Claude Barras nous alerte avec « Sauvages » sur les conséquences de la déforestation incontrôlée sur l’île de Bornéo.

Kéria vit avec son père dans une petite ville, à la lisière de la forêt tropicale. Un jour, elle recueille un bébé orang-outan dont la mère a été tuée par des bûcherons. Elle le prénomme Oshi et s’en occupe comme une petite maman. Plus tard, son grand-père leur confie son cousin Selaï afin de le protéger d’un conflit qui oppose sa famille avec une compagnie forestière. Elle découvre alors que sa mère vient de cette tribu et que pendant longtemps, son père a milité à leur côté. Mal accueilli par sa cousine, le petit Selaï choisit de retourner auprès des siens et Oshi le suit. Mortifiée, Kéria décide de les retrouver et s’enfonce dans cette jungle qu’elle juge menaçante…

“Sauvages” de Claude Barras.

Avec les voix de Martin Verset, Laetitia Dosch, Benoît Poelvoorde…

Sortie le 16 octobre 2024

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Les mêmes recettes que « Ma vie de courgette »

Après nous avoir enchanté avec « Ma vie de courgette » en 2016, le réalisateur valaisan Claude Barras nous offre un nouveau bijou d’animation avec « Sauvages ». Tourné pendant 7 mois en 2023 dans un dépôt de 2’500 m2 à Martigny, le film utilise la même technique du stop motion, à savoir l’utilisation de figurines animées image par image, les décors et les effets spéciaux étant ajoutés en post-production par le département du compositing…. Le résultat est encore admirable avec le souci des détails, la qualité de la bande-son (ah, les bruits de la forêt…) et le doublage de qualité (Babette De Coster, Martin Verset, Laetitia Dosch…). Les personnages sont toujours aussi attachants et expressifs avec leurs grands yeux dans lesquels passent tant de sentiments !

Qui est le sauvage de qui ?

« Chez nous, on n’aime pas la route car elle conduit à la mort » explique le jeune Selaï à sa cousine. Lorsqu’on évoque la déforestation à outrance et le non-respect des droits des personnes vivant dans les forêts, on pense avant tout à la forêt amazonienne. Pourtant, un drame équivalent se passe sur l’île de Bornéo et c’est un des premiers atouts de cette œuvre : nous transporter dans cette zone géographique et nous rappeler qu’une même tragédie s’y joue également. Et ce n’est pas un hasard si plane durant tout le film l’ombre de Bruno Manser, cet activiste écologiste bâlois très impliqué dans la défense de la forêt de Bornéo et qui disparut mystérieusement en 2000. Pour écrire son scénario, Claude Barras s’est associé au peuple Penan, avec qui il a passé plusieurs semaines en immersion. Ce sont des chasseurs cueilleurs qui vivent dans la forêt, entre tradition et coutumes ancestrales. Son propos est donc de sensibiliser à la question de la protection de la faune et de la flore mais aussi à la transmission et au respect des savoirs de ces populations. La scène de la cour d’école entre Kéria et ses amies est très pertinente : qui est le sauvage de qui ?

Le sujet n’est pas original mais il reste malheureusement toujours d’actualité. Si Claude Barras assume un scénario sans réelles surprises, avec des bons et des méchants, la personnalité du père qui a préféré s’éloigner du militantisme pour protéger sa fille mais reste tiraillé par sa conscience est touchante et particulièrement juste. Claude Barras parvient également à alléger le récit en alliant gravité (les dialogues entre le grand-père et sa petite-fille), poésie (les lucioles) et humour (l’utilisation du téléphone portable dans la forêt). Les enfants s’identifieront facilement à Kéria, petite citadine esseulée qui se retrouve une famille et des racines.

Alors, profitez des vacances scolaires pour découvrir cette jolie ode à la nature !

 

Virginie Hours, reporter pour Color My Geneva – tous droits réservés

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