Culture, Loisirs

« Monsieur Aznavour », le chanteur à la chemise noire sur grand écran

Avec “Monsieur Aznavour”, Mehdi Idir et Grand Corps Malade s’unissent de nouveau et nous offrent ce biopic singuliers sur un des grands chanteurs français du XXème siècle.

Shahnur Vaghinak Aznavourian n’avait rien pour réussir. Et pourtant…. A force d’opiniatreté, de talent et de rencontres, il devient Charles Aznavour avec le succès qu’on lui connait. Mais derrière le chanteur, le compositeur et l’acteur, qui est-il vraiment ?

“Monsieur Aznavour” de Mehdi Idir et Grand Corps Malade
Avec : Tahar Rahim, Bastien Bouillon, Marie-Julie Baup, Camille Moutawakil, 

Date de sortie : 23 octobre 2024

***

 

Après  Patient  et La vie scolaire Mehdi Idir et Grand Corps Malade s’unissent de nouveau et nous offrent ce biopic sur un des grands chanteurs français du XXème siècle. Si leur admiration est palpable durant tout le film, on est loin d’un portrait idéalisé de l’artiste. Le film est de facture classique, sans surprise même si Mehdi Idir et Grand Corps Malade ont souhaité nous raconter l’histoire de Charles Aznavour par chapitres comme une saga.

“Mes amis, mes amours, mes emmerdes”…

La première partie du film, la plus intéressante, traite de ses années de galère et d’apprentisage, de son enfance dans la communauté arménienne et la période de l’occupation allemande à ses relations avec Edith Piaf en passant par son expérience américaine. On le suit dans ses ratés et ses succès. La grande volonté de Charles Aznavour ainsi que ses prises de risque ne peuvent que forcer l’admiration malgré les dommages collatéraux. Car il ose tout, y compris quitter femme, enfant et partenaire historique pour arriver « en haut de l’affiche ». Et cette pugnacité ne rend pas le personnage forcément sympathique… C’est un des paradoxes du film mais aussi la marque de l’honnêteté des scénaristes. La deuxième partie, celle relatant le succès, est plus convenu comme un long récital de ses hits musicaux marqué néanmoins par plusieurs drames (le suicide de son fils aîné notamment). Il est d’ailleurs dommage que les réalisateurs n’aient fait qu’effleurer sa carrière cinématographique et se soient contentés de le dépeindre comme une superstar arrogante et imbue d’elle-même. Est-ce si simple ? Arrivé au sommet, il reste insatisfait. Pourtant sa sœur lui rappelle sans cesse le leitmotiv de leurs parents : « on se souvient d’où on vient et on est heureux de ce que l’on a ». Visiblement, Charles Aznavour n’y parvient pas… Ce poids de l’héritage est très bien souligné par les images d’archive rappelant le génocide arménien de 1915 et le terrible tremblement de terre de 1988. Charles Aznavour n’a jamais renié ses origines arméniennes, devenant en 1999 ambassadeur d’Arménie en Suisse. Serait-ce ce poids des origines qui l’empêche de goûter à l’insouciance et au bonheur simple ?

 

Une belle performance d’acteur

Pour incarner le chanteur à la chemise noire, l’acteur franco-algérien s’est rapidement imposé. Césarisé meilleur acteur et meilleur espoir masculin pourUn prophète de Jacques Audiard en 2010, Tahar Rahim est un véritable caméléon devenant le général d’empire Paul Barras dans le Napoléon de Ridley Scott  en 2023 ou un tueur en série dans Le serpent de Richard Warlow et Toby Finlay en 2021. La ressemblance physique est particulièrement réussie et pour cause : il devait porter huit à neuf miniprothèses invisibles dont la pause nécessitait près de quatre heures de maquillage quotidien. Par ailleurs, il incarne pleinement le chanteur avec sa voix éraillée, sa gestuelle mais aussi son phrasé. Il porte ainsi avec succès le film sur ses épaules et rend un bel hommage à un grand artiste.

 

Virginie Hours, reporter pour Color My Geneva, tous droits réservés

À lire aussi