28 avril 2022

Les ailes collées de Sophie de Baere

« Les ailes collées » le troisième roman de Sophie de Baere véritable pépite remporte un vif succès auprès des lecteurs et des libraires.

                                                                   

« Les ailes collées » le troisième roman de Sophie de Baere véritable pépite       remporte  actuellement un vif succès auprès des lecteurs et des libraires. L’ouvrage est en lice pour plusieurs Prix littéraires dont  le Prix suisse du LÀC, le Prix Orange, Françoise Sagan, Maison de la Presse…

Le coeur de  l’histoire est une bouleversante passion particulière qui dérange. Le jour de son mariage Paul retrouve son ami d’enfance Joseph qu’il n’avait pas revu depuis plus de vingt ans. Les souvenirs puissants resurgissent, les secrets se craquellent.

La romancière s’empare avec force de la vie des personnages qui prennent corps et se transforment au fil du temps. Elle explore avec sa plume délicate et son regard aiguisé sur notre société les thèmes de l’amour, des liens filiaux, du harcèlement, de l’homosexualité. Peut-on passer à côté de sa vie à cause des non-dits ? Comment se reconstruire après une adolescence douloureuse ? Laissez-vous emporter dans le tourbillon  puissant des émotions de cette histoire coup de coeur de Color My Geneva.

Place maintenant à l’interview de Sophie de Baere.

Sandrine Bourgeois pour Color My Geneva  -Qu’est-ce qui vous a inspiré pour écrire ce roman ?

Sophie de Baere  -Au départ, ce roman : c’est la question de nos rêves de jeunesse. Qu’en fait-on une fois adulte ? Qu’en reste-t-il ? C’est une problématique qui me fascine depuis bien longtemps. C’est pourquoi, dans Les Ailes collées, j’ai eu envie de mettre en perspective deux périodes de la vie de mon personnage principal. En effet, on découvre Paul sur deux étés, à vingt ans d’intervalle : d’abord celui de ses quinze ans puis celui de son mariage et de ses premières responsabilités parentales.  En structurant ainsi mon récit, j’ai cherché à comprendre comment la vie finit par rouler sur les premiers frissons, les premiers émois, mais aussi comment l’adolescence nous construit en tant qu’adulte et demeure en soi, parfois comme une brûlure. J’avais envie d’opérer des allers-retours entre ces deux périodes essentielles d’une existence et montrer ainsi comment celles-ci peuvent s’enchaîner, s’interpénétrer, se répondre. Je voulais suivre Paul sur un temps long car l’épreuve du temps permet également de nuancer les regards portés par les personnages entre eux mais aussi par le lecteur sur les personnages.

S.BQue souhaitez-vous transmettre à vos lecteurs et qu’ils retiennent de votre roman ? Quels messages souhaitez-vous délivrer ? 

Sophie de Baere  -Les Ailes collées est d’abord un roman d’amour qui explore les liens sous toutes leurs formes : amoureux, amicaux, parentaux, filiaux, fraternels. Il est aussi le roman des silences et des non-dits, de ceux qui enferment, qui empêchent, qui font mal. On peut passer à côté de sa vie à cause d’un silence. Paul est d’ailleurs un adolescent bègue et cette privation de mots, son silence forcé bien souvent le condamnent. Cependant, ce silence peut aussi constituer une richesse puisque, par exemple, Paul va extérioriser ses frustrations par la musique et la danse. C’est sa manière à lui de se dire. Et c’est très beau, très fort. De plus, certains silences vont le sauver, l’amour ne se trouvant pas que dans les mots. Enfin, pour répondre à votre deuxième question, je dirais que je ne cherche pas vraiment à transmettre un message mais plutôt des questionnements. Au fond, c’est quoi aimer ? Un garçon ? Une fille ? Qu’est-ce qui fait le couple ? La famille ? En réalité, à travers l’histoire de Paul, je me contente de proposer une voix, une façon très intime de ressentir le monde et j’espère simplement que cette façon-là saura toucher le lecteur et ainsi éclairer ses propres actes, ses propres pensées et les mettre en résonnance.

-S B Pensez-vous que nous sommes libres de nos choix, de nos actes 

Sophie de Baere  -Jamais complètement. Guidés par notre inconscient, nous sommes tous en réalité, des sujets conditionnés par notre passé, par celui de nos ancêtres, par notre milieu social, culturel mais aussi par notre hérédité. A cause de ces déterminismes sous-jacents, notre liberté ne peut donc jamais être totale. La question des déterminismes sociaux et familiaux traverse d’ailleurs profondément l’histoire de Paul et de ses parents. Le choix du titre « Les Ailes collées » est symbolique de cette entrave à la liberté et plus précisément de cet envol empêché de Paul. En effet, ce personnage est un être coupé en deux, écartelé entre son désir de protéger sa mère et sa sœur et celui de vivre et d’aimer pleinement. Ainsi, les choix de Paul ne peuvent être les mêmes que ceux de Joseph, adolescent solaire qui a toujours mené une vie de bohème et d’insouciance. Néanmoins, ces déterminismes ne sont pas toujours une fatalité, c’est pourquoi la métamorphose des êtres est un thème qui me passionne et que j’explore particulièrement ici, dans Les Ailes collées.

S.BLe harcèlement à l’école est un des thèmes de votre roman, pour quelles raisons avoir choisi ce sujet ? 

Sophie de Baere  -A travers Paul, je voulais effectivement parler de ce drame, de cette cruauté vécue encore aujourd’hui par de nombreux adolescents. Parce que j’en ai moi-même été la victime et puis surtout, parce que j’en ai été le témoin. Mais j’ai 44 ans et il y a trente ans, on n’en parlait pas. C’était normal, presque « formateur », un passage obligé. Il fallait faire avec, serrer les dents. Il n’y a qu’à lire les livres classiques sur le sujet. Le petit chose, Poil de carotte, Le grand Meaulnes, Sa Majesté des mouches et même Le petit Nicolas regorgent d’exemples où l’enfant, le collégien est raillé, moqué, où les plus forts s’allient contre les plus faibles. Dans les années 80, 90, beaucoup étaient encore dans ce schéma-là. Cette maltraitance faisait presque partie des apprentissages. La victime avait honte, n’en parlait pas ou très peu. Ce sont donc ces souvenirs pesants qui ont d’abord inspiré mon livre : je voulais que les harceleurs de cour d’école sachent combien leurs actes et leurs mots peuvent fragiliser une existence. Je leur ai d’ailleurs dédicacé mon livre. Et puis dans le roman, avec ce qui arrive au personnage de Yvan à la fin du roman, je pose aussi cette question qui me semble importante : subir ou faire subir, qu’est-ce qui est le plus destructeur ?

S.B-Quels sont vos projets après ce roman ?

Sophie de Baere  -Je compte bien me remettre bientôt au travail d’écriture ! Mais j’attends encore un peu car Paul, Joseph, Blanche et tous les autres sont encore trop présents dans ma tête et dans mon cœur pour que je puisse me consacrer à la création d’autres personnages de papier… Et puis, j’ai prévu d’offrir plusieurs lectures musicales de mon roman lors de rencontres avec les lecteurs en librairie ou en festival. Je suis d’ailleurs en train de finaliser l’écriture et la composition des chansons inédites qui vont faire écho à certains passages du livre. Bref, Les Ailes collées est un texte qui m’accompagne encore de manière très forte aujourd’hui.

S.B-Quel est votre lien avec la Suisse ?

Sophie de Baere J’ai découvert la Suisse et plus particulièrement Genève quand j’étais toute petite car l’oncle et la tante chez qui je passais chaque année une partie de l’été habitaient près d’Annemasse et travaillaient en Suisse. Ma tante qui était directrice de l’école française de Genève m’amenait régulièrement dans cette ville et j’ai gardé en mémoire la beauté de son lac, de ses montagnes environnantes et, ne me demandez pas pourquoi, je me souviens aussi très précisément d’un supermarché Migros où nous faisions toujours quelques emplettes avant de passer la douane ! En plus de me rappeler ces quelques moments de mon enfance, la Suisse m’évoque également une vie plus tranquille qu’en France, une certaine quiétude. La dernière fois que je suis venue en Suisse, ce fut pour le festival LAC et j’en garde un magnifique souvenir.

Les ailes collées de Sophie de Baere (éd. JC Lattès)

                                                Sandrine Bourgeois-Reporter pour Color My Geneva (tous droits réservés)

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